Claudie Hunzinger, écrivaine de longue date mais romancière
tardive nous offre avec La Survivance
une méditation eckartienne sur le détachement dans ce temps présent, venant
après Elles vivaient d’espoir (2010),
son premier roman, enquête sans concession inspirée des amours de jeunesse de
sa mère. L’auteur nous est connue pour un livre culte Bambois, la vie verte publié en 1973, récit d’une expérience de vie
dans la nature, singulière, précieuse, influencée par le souvenir des
rencontres du Cantadour de Jean Giono. Entre
temps, Claudie Hunzinger a fait œuvre de plasticienne, toute une trajectoire ponctuée
d’expositions et d’écrits sur l’art. Elle s’inscrit d’emblée dans la lignée des
auteurs qui captivent, je pense aux reportages d’Albert Londres et aux romans
de Selma Lagerlöf. On ne lâche pas comme ça un livre de Claudie Hunzinger et
longtemps après l’avoir fermé, les impressions persistent.
« Avanie sagement attendait son tour. Elle savait qu’il
viendrait, même si depuis deux jours, nous chargions la voiture et repartions
sans elle. On ne s’est pas creusé la tête pour savoir comment la transporter.
Nous ferions le voyage à pied, le dimanche 1er mai. C’était
possible. Il suffisait de suivre les plis du massif, pas même une nationale à
traverser. J’ai étalé trois cartes IGN côte à côte et surligné en rose vif
notre chemin. Le matin nous avons rendu les clés. Sils est parti en voiture. Et
nous de notre côté, Avanie, Betty et moi.
A peine en route, tout de la plaine m’apparut vite lointain,
derrière moi. Fini, c’était fini.
Quelque chose s’est mis en branle. L’inconnu, je crois. Dès
le départ, il était tapi dans le chemin creux qui s’éloignait du village pour
entrer dans la forêt, et il nous a accompagnées, nous a escortées de son
énergie, de son mystère, de son désir. On a marché tout un jour de grand
soleil, à l’ombre, le long d’un seul tunnel de verdure qui nous rendait
invisibles aux yeux des humains comme au radar des satellites. Clandestins,
discrets, on se glissait, on se faufilait. »
La Survivance est
un texte qui entrecroise et cite Bambois.
Mais c’est un Bambois fictionnel,
avec de vraies fausses citations. La
Survivance est un peu le roman de Bambois,
si on veut bien considérer que Bambois
était un récit encore optimiste des Trente Glorieuses in extremis et La Survivance, un roman de l’approfondissement
de la crise qui laisse ses héros au bord du chemin. Pourtant les dits héros ne
sont pas fatigués, ils vont faire encore mieux, encore plus fort que les petits
jeunes de 1973. Plus haut, plus rude, plus démunis. Bambois ramenait ses
couleurs des plantes et des lichens, La Survivance ira les chercher au plus
profond, jusqu’au cœur des pierres.
Il y a de la dystopie dans La Survivance, l’incendie couve, l’Unterlinden prend feu, le retable d’Issenheim est détruit. On
pense bien sûr à Fahrenheit. Sils est
un homme retable comme d’autres ont été hommes livres. La plasticienne se
souvient de ses Bibliothèques en cendre.
Après la menace qui pèse sur les livres, ce sont les œuvres des Maîtres anciens
qui disparaissent. La Survivance, cette ruine dans la montagne, devient îlot de
résistance où un homme et une femme fomentent le retour des êtres humains.
L’intrigue du roman serait née d’une étrange rencontre entre
l’auteur et une librairie messine, adepte de vitrine de lecteur. C’est que
Claudie Hunzinger cultive les hasards, les résonnances, les associations comme,
nous l’explique-t-elle, Aby Warburg classait ses livres dans sa bibliothèque de
rêve. Il y avait là Les Emigrants de
W.G. Sebald, Une année à la campagne
de Sue Hubbell, L’Etranger sur l’Aubrac
de Nicole Lombard, Scène de la vie d’un
faune d’Arno Schmidt, Selma Lagerlöf, etc. Le charme prégnant du texte nous
vient de ses livres tirés des cartons, fragiles mais au combien efficaces,
magie de philtres et de phylactères. Ceux qui ont entendu Claudie Hunzinger ne
doutent pas de leur puissance d’évocation, mots, phrases, encre et papier.
Qu’on ne s’y trompe pas, le prisme de la néo ruralité ne
convient pas à la lecture de La
Survivance, ni l’écologie, ni l’alter mondialisme, ni même le Giono du
Cantadour. Il n’y a sans doute pas de prisme, l’écriture et l’inspiration de
Claudie Hunzinger se nourrissent de sa vie, de la littérature et de la
familiarité avec les œuvres. La nature dont il est question est nettement
dionysiaque. Le Grand Pan court sur le Donon et le Brézouard et il est cousin
du dieu cornu Cernunnos.
On ne sera pas surpris que Jenny rencontre les cerfs, les
vrais aborigènes des grands bois. Elle y met la distance du sacré, pas de
proximité excessive, pas de vaines et ridicules tentatives d’apprivoisement. Simplement,
il s’agit de vivre avec les cerfs, comme les trappeurs avec les indiens, avant
que ça dégénère. Les cerfs sont les mâles qui forment clan après séparation de
la harde. Jenny les étudie, principalement leurs relations intra claniques,
surtout celles des électrons libres, qu’elle appelle les réfractaires, qui
vivent de leur côté. Et, au dessus de tous, le grand cerf solitaire, détaché de
la compétition génésique, le grand célibataire.
La mélancolie, comment n’y pas songer au moment de conclure.
Celle de Cranach au musée de l’Unterlinden à Colmar, interprétée dans le roman
mais aussi celle qui pare le texte de ses couleurs automnales car c’est une
mélancolie fastueuse, toute de rousseur et de teintes chaudes. L’hypothèse de
l’échec a été menée à son terme, elle a permis le détachement des entraves du nevermore et du superflu, elle a surtout
permis de réenchanter l’existence, celle de l’auteur et la nôtre.
[La Survivance, Claudie Hunzinger, Grasset, août 2012, 279
p.]
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